L'expression « vie pro/vie perso » m'a toujours laissé perplexe. Elle suggère une séparation nette entre deux sphères, comme si elles étaient indépendantes et étanches. Or, pour la plupart d'entre nous, cette frontière n'existe pas. Dans une société où nos compétences se croisent et où nos missions s'entrelacent, cette vision cloisonnée semble réductrice, presque artificielle.
Aujourd'hui, nos rôles et nos expériences se nourrissent mutuellement. Nos passions personnelles influencent notre travail, tout comme nos activités professionnelles imprègnent nos vies. Qui peut encore prétendre qu'il est possible de déconnecter totalement ce que nous faisons de ce que nous sommes ?
Pour ma part, je navigue entre plusieurs univers : mon métier d'enseignant, mon rôle d'auteur et mes passions personnelles. Écrire, observer, apprendre, partager : tout cela forme un équilibre en mouvement. Au contact de mon jardin je peux trouver l’inspiration pour un cours. À l'inverse, un échange avec mes élèves peut alimenter mon écriture. Et voyager – au sens large – est un élément central dans cette dynamique.
Car le voyage ne se résume pas à prendre l'avion ou à accumuler des clichés "instagrammables". Voyager, c'est surtout sortir des sentiers battus, s'éloigner du pathétique ostentatoire, pour se confronter à l'inattendu, à l'autre, et au monde tel qu'il est. Et nos sensations sont en éveil, nous approchons du sens. Parfois, ces découvertes, mêmes minimes, peuvent influencer profondément qui nous sommes et ce que nous faisons.
Alors, comment faire pour garantir à la fois bonheur et réalisation de soi, ici et ailleurs ? Peut-être faut-il d'abord repenser notre approche du travail et de la vie. Plutôt que de viser des carrières linéaires et des rôles figés, cherchons des missions variées, portées par des valeurs et une utilité concrète. Des projets qui stimulent nos compétences, éveillent nos sens et donnent du sens. Mais surtout, acceptons que les réponses à nos questions ne viennent pas seulement de nous-mêmes, mais aussi du contact avec les autres.
C'est dans l'échange, le partage et l'observation que nous trouvons des clés pour avancer. Nous nous construisons en relation avec ceux qui nous entourent, qu'ils soient collègues, amis, mentors ou simples passants croisés au hasard d'une rue ou d'un voyage. Ces interactions enrichissent nos expériences et nous rappellent que, bien plus que des fonctions professionnelles, nous sommes avant tout des êtres humains.
Notre rôle ne devrait jamais nous définir entièrement. Il ne s'agit pas de survivre à notre fonction, mais de l'habiter sans s'y perdre, en gardant intacte cette part d'humanité qui nous rend uniques. Avant d'être un titre sur une porte ou une ligne sur une carte de visite, nous sommes des êtres pétris d'émotions, de désirs et de contradictions. C'est dans l'acceptation de cette complexité, dans l'interconnexion des sphères personnelles et professionnelles, que réside, à mon sens, la véritable richesse.
Et vous, qu'en pensez-vous ? Comment trouvez-vous du sens, ici ou ailleurs ?
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